En attendant qu’une biographie plus détaillée puisse être publiée, il est possible de consulter sur Wikipédia la fiche dont Vincent-Paul avait lui-même supervisé la composition.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Vincent-Paul_Toccoli

 

Prévoyant, Vincent-Paul Toccoli, nous avait confié le souvenir qu’il souhaitait que l’on garde de lui et avait pris soin, on n’est jamais trop prudent, de rédiger sa propre épitaphe. La voici :

Epitaphe pour ma mort

VINCENT-PAUL TOCCOLI, prêtre et salésien de Don Bosco, missionnaire des temps  nouveaux, dixit Jean Onimus, avant sa mort, fut avant tout un très grand apôtre de la lucidité. A l’occasion, beaucoup le découvriront ou redécouvriront la qualité de ses analyses et la maîtrise avec laquelle il arrivait à s’abstraire des combats subalternes pour définir les enjeux majeurs.

Confronté aux délires ecclésiastiques de la fin d’un siècle et du début de l’autre,  de la condamnation de la ‘théologie des pauvres’ à la tolérance d’un ‘nouveau Pentecôtisme’ à l’européenne, il aura été l’un des très rares prêtres de terrain français – en juste héritier des outre-rhénans Karl Rahner, Hans Küng et Eugen Drewermann, – à ne pas céder aux dérapages partisans et à conserver le regard froid.

Pour avoir étudié les sciences humaines et religieuses dans les bibliothèques et in situ – en passant par les mondes ancien et nouveau, et dans l’Asie mystérieuse et sans fin, entre le sursaut de 68 et le réveil de la Chine -, il a très tôt mesuré la perversité de tous les systèmes, quand ils se prétendent éternels et au-dessus des hommes.

Pour avoir lu et décortiqué les textes fondateurs de toutes les religions et ceux du patrimoine mondial de l’humanité,  il s’était affranchi avant l’heure de la vulgate de toutes les restaurations.

Pour avoir su se garder de l’Institution,  il avait pris goût à la résistance de la liberté, sinon à la rigidité du schisme.

Le guidait le souci de la liberté de l’esprit et de ses garanties. Sa vision transcendait largement les traditionnels clivages entre conservateurs et progressistes, entre romains et les autres, entre résignation et révolte.

Il portait en lui la double idée de réforme et de fidélité, au point d’effrayer ses amis comme ses ennemis.

Sa force, ce fut sa plume et ses sites sur le web, sans oublier sa parole publique. Les mots d’un essayiste clairvoyant, d’un vulgarisateur hors pair, d’un prédicateur apprécié. On le critiquait, on le couvrait  de calomnies, mais on le lisait et on le pillait.

Et en bon salésien, il parvint finalement à vacciner des cohortes de jeunes, intellectuels ou non, contre un prêt à penser déshumanisant, à l’heure où l’Église de France est toujours dominée par les clichés d’une pseudo fidélité au passé et la peur entretenue d’entreprendre.

Ignoré par le pouvoir romain et par son ordre pour ses prises de position provocatrices, il œuvra par l’exemple avec (im)patience à la désintoxication des esprits et des cœurs, des croyants et des non croyants. C’est l’âme qui l’intéressait. Le reste…

Son scepticisme n’était pas du fatalisme.

Son apparente froideur n’équivalait pas à du  cynisme.

Il était anxieux d’approcher au plus près le noyau du réel.

« Le point de vue, c’est le point de vie ! », aimait-il à dire, et cela devint une sorte de maxime  personnelle.

Mais on manquerait l’essentiel si l’on ne soulignait pas en quoi TOCCOLI reste d’actualité.

En soumettant à la critique la ‘stratégie’ ecclésiastique et la dissuasion ‘charismatique’, en insistant sur le primat de la culture et de la foi s’informant l’une l’autre, en invoquant la permanence de l’espérance tragique dans l’histoire du salut, ce témoin de son temps a réuni préventivement les éléments pour penser « l’après » lui, à l’aube du 21ème  siècle.

S’il ne laisse derrière lui aucune théorie systématique, et encore moins de dogme, il a confié à ses pairs et à ses élèves une méthode reposant tout à la fois sur la rigueur et le scrupule. Il n’existe aucune chapelle composée de disciples. Il existe en revanche un état d’esprit, une ouverture et une tolérance : c’est-à-dire la fine pointe de l’intelligence.

Une nouvelle génération de chrétiens toccoliens, en somme.