ACADEMIE CLEMENTINE

Projet 2015 – 2016 : rencontre débat sur le thème : l’avenir du futur 2è rencontre

Prophètes et prophéties

Et si les prophètes c’était nous ??

« Aujourd’hui, sommes-nous réellement capables d’être à l’origine du futur ? »

Si, comme l’indiquait Darwin, les espèces qui survivent ne sont pas les espèces les plus fortes, ni les plus intelligentes, mais celles qui s’adaptent le mieux au changement, reste à savoir en quoi consiste exactement ce changement.

Sommes-nous capables de savoir précisément quels sont les changements en cours ou ceux qui se produiront dans un avenir plus ou moins proche ?

Sommes-nous réellement capables aujourd’hui d’être à l’origine de notre futur, de créer les conditions de réalisation de l’avenir dont nous rêvons ? Donc de nous passer des services des prophètes et de nous fier non seulement à notre raison, mais aussi à notre boussole intérieure, à notre capacité à imaginer des réponses et des solutions au delà de la logique rationnelle prédictible, grâce, notamment, aux fenêtres privilégiées que peut nous ouvrir la partie de notre cerveau la plus émotionnelle, relationnelle, et adaptative ?

L’aventure humaine a toujours exigé du courage, de l’audace, de la persévérance et de la confiance pour faire face à de nombreux mystères : celui des origines de la matière et de la vie, celui du sens et de la finalité de tout ce qui vient à exister et à disparaître, à vivre pour mourir. Tant d’inconnues qui nous plongent dans un abîme de perplexité et d’inquiétudes, car nous avons l’impression que notre maîtrise est bien faible par rapport à l’étendue de notre ignorance, et que, malgré tous nos savoirs, savoir-faire, et toute les expériences vécues qui finissent par nous enseigner la prudence et la précaution (jusqu’à en faire un principe) tout ce que nous accumulons finit par nous échapper et même trop souvent à se retourner contre nous… Face à la liste impressionnante des catastrophes annoncées, dont un grand nombre nous sont maintenant imputables, quels sont les véritables défis ? Sommes-nous en mesure de les relever ?

 

Rencontre animée par Eve Depardieu

Salle Polanski – Logis des Jeunes de Provence, 5, rue Mimont à Cannes.

Participation : 5 euros

Nous vous proposons trois rencontres sur le thème de « l’avenir du futur ».

3 séances : – vendredi 11/12/15 à 18h30

– vendredi 01/04/16

– vendredi 10/06/16

 

1ère rencontre :

Vendredi 11 décembre de 18 heures à 19 heures 30

Salle Polanski – Logis des Jeunes de Provence – 5, rue Mimont à Cannes

L’Avenir du Futur (1) : Prophètes et prophéties

Pourrions-nous vivre sans penser à l’avenir, sans anticipation sur les modes de vie futurs, sans projets, sans espoirs ?

L’avenir du futur est-il entre les mains de prophètes ? Les prophéties nous informent-elles sur ce que sera demain ? Qui sont les prophètes d’aujourd’hui ? Sont-ils philosophes, médecins, économistes, hommes politiques, religieux de toutes confessions ? A qui faire confiance ?

– En préambule : ici et maintenant, faire d’abord confiance aux méthodes de questionnement des philosophes qui ont une grande pratique de la remise en cause des opinions, croyances et certitudes établies, en les passant au crible de leurs examens et analyses approfondies.

  • Le choix du sujet. En plein dans l’actualité : grande incertitude quant à l’avenir de l’humanité, de l’ensemble des êtres vivants et de la planète. Période de crise profonde, de « civilisation », si l’on veut, mais plus précisément une crise de la transmission aux générations futures des savoirs et des valeurs qui les dynamisent, et surtout d’une idée de l’Homme sur laquelle fonder tout projet d’entreprise et tout engagement moral et social. Sur quelles espérances fonder l’éducation, former et motiver la diversité des êtres humains, rassembler les sociétés, pour quel monde ?
  • Un philosophe contemporain déclarait que philosopher « c’est savoir anticiper ». Qu’en est-il ? Un philosophe doit-il simplement faire de la prospective et proposer ses pronostics, ou doit-il devenir visionnaire, faire œuvre de prophète ou d’un certain mysticisme en proposant ses prédictions ou en transmettant d’éventuelles révélations ? On trouve dans les discours des philosophes contemporains (par ex : M Serres, J Attali, C Fleury), des termes et des expressions comme « trouver des éclaireurs du temps », « lanceurs d’alertes », « sentinelles », « veilleurs »…faisant souvent référence à l’art contemporain et aux artistes présentés comme les « témoins » du futur, en l’absence de projets sociétaux futuristes qui tiennent vraiment la route (M Gauchet). Philosophes ou prophètes, qui croire ?
  • L’avenir du futur, cela a-t-il un sens ? N’est-ce pas une tautologie, l’avenir se définissant grâce à la notion de futur et réciproquement ? Y a-t-il une différence ? « Avenir » vient du latin « ad-venere », ce qui adviendra ou devra arriver. « Futur » désigne le temps à venir, et donc ce qui n’existe pas encore au moment où on en parle. Parler de « l’avenir du futur » c’est donc vouloir donner une forme et un contenu précis au futur, c’est discourir sur ce qui doit arriver (selon une nécessité plus ou moins bien connue), ou ce qui adviendra (avec une probabilité comportant une part d’aléatoire, d’imprévisible, d’inconnu). Cela en se projetant dans un temps qui n’existe pas encore, mais auquel on n’échappera pas, qui arrivera qu’on le veuille ou non, avec ou sans nous, en nous confortant dans nos certitudes de manière rassurante (répétition du même, du passé connu) ou en nous déstabilisant de manière angoissante (face à un abîme d’ignorance et de mystère).
  • Que faire de cette étonnante capacité intellectuelle, à la fois rationnelle et imaginative, à anticiper et penser le futur, à nous projeter dans l’avenir, qui nous permet d’orienter nos engagements, de prendre des décisions, d’avoir des initiatives et d’agir avec une certaine dose de confiance dans la réussite de nos entreprises ? Comment pourrait vivre une civilisation et ceux qui la constituent, sans s’intéresser à son avenir ? S’intéresser à l’avenir, cela revient à prendre en compte avant tout l’avenir de chaque être humain en particulier, mais pas seulement, car il y a l’environnement familial, social, politique, culturel, spirituel, civilisationnel dans lequel l’individu évolue, ainsi que le milieu naturel et planétaire dans lequel il habite et doit vivre au quotidien, dans une tension constante entre le jour même et le lendemain. Il y a donc de multiples formes et contenus d’avenir à prendre en compte, qui s’entrecroisent mais ne se déroulent pas forcément au même rythme ni en même temps.
  • Nos facultés de connaissance restant faillibles et limitées dans l’espace et dans le temps, et compte tenu des phénomènes aléatoires, nous restons dans le doute et dans l’incertitude quant à notre avenir individuel et collectif, proche et lointain. Malgré tout ce que nous savons, les connaissances et les expériences accumulées de millénaires en millénaires, nous avons encore de grandes difficultés à nous représenter cet avenir, surtout à long terme, car trop d’incertitudes demeurent. Sauf deux, jusqu’à preuve du contraire : d’abord la certitude de la fin de vie, de la mort biologique programmée d’avance en chaque individu ; ensuite, annoncée par les scientifiques, à long ou très long terme, l’extinction du soleil entraînant la disparition de toute vie à la surface de la Terre, voire de la planète elle-même. A moins qu’avant cela, des catastrophes climatiques (réchauffement, glaciation, déluge) ou une éventuelle collision avec un autre astre, évènements déjà subis antérieurement par la planète, ne provoquent sa désertification ou, selon la puissance, sa totale désintégration. Tableau peu rassurant qui ne peut qu’engendrer de la crainte et du désespoir ou développer, envers et contre tout, au-delà de tous les catastrophismes, une foi et une espérance à toute épreuve en un avenir motivant, redynamisant sans cesse l’envie de vivre. Mais comment savoir où est la vérité vraie, une vérité opérante qui conforte notre certitude que la vie vaut vraiment la peine d’être vécue dans l’attente d’une mort tout aussi désirable : avoir l’absolue conviction qu’il existe une vie après la vie, un au-delà enchanté, que nous sommes immortels et avons la possibilité de nous réincarner ou de ressusciter ?
  • Force est d’entrer dans le domaine des croyances, de la confiance attribuée à tel ou tel récit pourvoyeur d’espérance. S’offre la possibilité de se tourner vers des visionnaires, des génies, des prophètes, des sages ou des mystiques qui ont livré et parfois même écrit des messages souvent incompris de leurs contemporains, demandant tout un travail de décryptage et d’interprétation. Difficile d’ignorer et de passer sous silence de telles références. Henri Bergson (1859-1941) affirme même qu’on ne peut pas s’en passer : cf. textes chap.III et IV. dans « Les deux sources de la morale et de la religion (1932) ».
  • Mais cela ne précise pas à qui faire confiance et en quoi ? Comment ne pas se laisser leurrer par des faux-prophètes ? Notre raison peut détecter les supercheries et déjouer les pièges. Mais il y a tout le reste : toute la part d’irrationnel qui est en nous, nos émotions, nos intuitions, nos rêves ou cauchemars. Il est même question de « l’effet d’oracle de nos émotions ». Peuvent-elles réellement nous servir de guide pour prévoir l’avenir ? Certaines révélations, habilement présentées, nous sidèrent et nous impressionnent suffisamment par leur justesse pour emporter notre assentiment et lever nos doutes. Certaines prédictions parfois très anciennes, peuvent concorder avec des évènements plus récents, la plupart du temps tragiques (voir la liste des catastrophes annoncées), et certaines visions ou utopies rejoignent les programmes scientifiques avec l’aide des technologies de pointe. Car à défaut de connaître l’avenir avec précision, il devient possible d’améliorer les performances humaines en démultipliant, autant que la technique le permet, les pouvoirs physiques et psychiques de chaque individu : augmenter les capacités de voir à distance, plus profondément dans l’infiniment petit et dans l’infiniment grand, dans l’espace et dans le temps. Cf.la notion « d’expansion mentale » du physicien Levy-Leblond, le transhumanisme, les travaux du NBIC aux Etats Unis, où se mêlent les biotechnologies, les nanotechnologies, les technologies de l’information, les sciences cognitives, en vue de concevoir un humain augmenté, métamorphosé, capable d’être à l’origine du futur, d’en être même le créateur. Mais sans aller si loin, les chercheurs en neurosciences travaillent sur l’existence d’une intelligence intuitive, relationnelle et adaptative, véritable boussole intérieure, extrêmement rapide et dynamique, anticipatrice, préconsciente, s’activant à notre insu, formant des amas de certitudes flottantes qui nous rendent extrêmement sensibles et réactifs, adaptant en permanence et avec souplesse nos comportements à la variabilité des circonstances.
  • A suivre…

Prochaines rencontres :

– vendredi 01/04/16

                 – vendredi 10/06/16